Madeleine et Léo ou « Les amants de Pershing » (paroles & musique : Michel Orion)

Enregistrement public _______________________________________________________________

A propos de Madeleine et Léo Ferré … et du livre d’Annie Butor « Comment voulez-vous que j’oublie ? ». Le beau livre d’Annie Butor est une pierre angulaire pour qui aime et veut comprendre l’œuvre de Léo Ferré. Il lève ou déchire un voile opaque sur une période essentielle de la vie du poète et des années qu’il partagea pendant 18 ans avec Madeleine, qui fut à la fois sa muse et son épouse. Annie Butor, fille de Madeleine, fut un témoin privilégié, légitime et incontestable de cette période. Avec justesse et sans compromis, elle nous invite à voyager au cœur des années 50 et 60, époque où il n’était pas honteux d’être intelligent et d’avoir du talent même si les temps pouvaient être difficiles …

Parler de Léo est à la portée de n’importe qui. En parler dignement, avec noblesse, distance et recul, sans trafic ni faux semblant, est une autre affaire. Sa carrière « officielle » est quasiment connue de tous. Sa biographie « autorisée » aussi. Ses chemins de traverse, et sa « solitude » beaucoup moins … La femme de sa vie s’appelait Madeleine, n’en déplaise à qui donc ? Elle fut aussi sa muse, car Léo Ferré était poète … Les « faits divers » qui les firent diverger l’un de l’autre restent et resteront teintés d’ombre et de mystère. D’amertume et de tristesse aussi … On n’écrit pas « Avec le temps » par hasard … La mort de Pépée, femelle chimpanzé, malade et condamnée, n’est évidemment pas la cause d’une rupture. Encore moins d’un détournement de destin … Cet « évènement » fut monté en épingle pour alimenter la diabolisation « dégueulasse » de Madeleine Ferré … « Dégueulasse, du verbe dégueuler », n’est-il pas, Monsieur Boniface ? … Mais qu’il nous soit permis (faute d’avoir accès à plus « d’information ») de se poser la question de savoir, au bout du bout du compte et des décomptes, à qui a profité ce « crime animalier » … Si tant est qu’il y eut « crime », d’ailleurs … Toujours est-il que c’est au cours des « années Madeleine » que Ferré est devenu Ferré … Et qu’on ait passé sous silence, durant vingt ans, cette période essentielle de la vie de Léo (années 50 et 60), en accablant injustement son épouse, Madeleine, relève ni plus ni moins de l’imposture, de la supercherie, pour ne pas dire de l’escroquerie. Car sans sa rencontre décisive (et o combien salutaire) avec Madeleine, au début des années 50, le poète et musicien Léo Ferré n’aurait sans doute pas eu la « carrière » que l’on sait, ni sa (légitime) célébrité … Intoxication et manipulation ont toujours été les mamelles de « la bêtise au front de taureau » … A bons entendeurs … Et à méditer, hors sentiers battus ou circuits « autorisés » … ici, ailleurs ou autre part …

© Michel Orion

« AVEC OU SANS GILET »    © Michel Orion (2019)

En marche vers l’ignoble, ils vaquent sans vergogne,

A leurs occupations, à leurs piètres besognes,

Appliqués qu’ils sont tous, avec ou sans leurs cognes,  

A ramper dans la norme hystérique et conforme.

A ramper dans la norme.

Hystériques et conformes à ce qu’on attend d’eux,

Dans l’ennui sirupeux, cynique et dérisoire,

D’un pouvoir aux abois qui n’a pas de mémoire,

Sous les pavés, l’Histoire ! La Bastille est en feu.

La Bastille est en jeu !   

La gueule de l’emploi est réquisitionnée.

Planqué au coin du bois, un ministre est masqué.

Dans son fort intérieur tout est prémédité.

Pressé de castagner, un ministre est masqué.

Un ministre est casqué.

Oui mais quand sonne l’heure, le sort en est jeté.

Même au poker menteur nul ne peut l’arrêter.

Ça monte du tréfonds, de toute éternité.

Déferle la marée, au cri des insurgés,

Avec ou sans gilet.

Pour un œil les deux yeux, ou mieux toute la gueule !  

Tous ces flics en faction, ce pouvoir est si veule.  

Une révolution parfois ça tourne en rond ;

Mais pas l’insurrection, mais pas la subversion !

Ni la loi du talion !

Et pas question de trêve ! Générale est la grève.

Sur le haut du pavé le peuple se soulève !

Un printemps en hiver, ça fait monter la sève ;

Ça réveille nos rêves. L’Espoir est sur la grève ! 

C’est la « moisson du rêve ».