Tous en finale (paroles et musique : Michel Orion)

« TOUS EN FINALE » …

Depuis l’antiquité, on n’a pas trouvé mieux,        

Le peuple, c’est connu, veut du pain et des jeux.

Pour un oui, pour un non, on fabrique des dieux,

Dans la cour des miracles, et des riches et des gueux.

Au gré du marketing qui matraque les rues

Les ballots poussent en chœur leur nouveau cri qui tue.

Pour un ballon phallus ils ont montré leur cul,

Plus qu’il n’aurait fallu, et ils n’ont plus de cul…

Pendant ce temps, souffle le vent,

Et peu à peu meurt le printemps…

Pendant ce temps il fait beau temps,

Pour les marchands de boniments…

Pendant que la misère s’agrippe a ses œillères,

Vingt et deux mercenaires font leurs comptes au vestiaire,

Vingt et deux mercenaires qui  sont pas nés d’hier,

Touchent leurs dividendes au nez de la misère…

Vingt et deux mercenaires arrosés a prix d’or

Et qui connaissent bien la musique et le sport…

Par ici la sortie avec le Tout-Paris,

Par ici la monnaie pour les « benêts-oui-oui » !           

Pendant ce temps passe le temps

Au passe à l’as du tout venant…              

Ça fait plaisir au président,

Sa cote monte au firmament…

Au firmament des bœufs, des veaux et des rombières,

Tous les cons font leurs jeux car ils sont « sans frontières »

Devant l’écran géant quand ils font leurs prières,

Le pouvoir prend son temps, aujourd’hui comme hier…

À la « claire fontaine » m’en allant promener,

L’eau n’était pas si belle quand je m’y suis baigné,

Parmi les gros poissons qui nageaient, qui nageaient,

J’ai vu l’hydre de Lerne en train de rigoler…

Et des sponsors faisant leur beurre,

À la santé des petits « beurs »…

Et des sponsors « nikant » leur beurre,

Pour mieux « niker » l’argent du « beur »…       

« Loréal » est coté en bourse

Avec ta poire se paie ta bourse

Chez « Loréal » on t’aime bien

Il parait que tu le vaux bien

Comme ce « crâne d’œuf » qui joue du luth,

C’est pour mieux défendre ses buts,

Chez « Mac Do »,il fait ça trés bien,

Coté fric, ne doute de rien …

À Saint Denis, oyez ! Oyez !       

Y’a des chanteurs hélitreuillés                         

Et des groupies de sansonnet

À Saint-Denis, oyez ! Oyez !

Mais la doublure a dérouillé,

Elle en a jauni à l’idée

De faire un aussi dur métier.

À Saint-Denis, oyez! Oyez!

Pour se poser faut bien viser,

Car le bonheur est dans le  pré,

Avec du bon blé à faucher

Pour se poser, faut bien viser…

Et pour le public avisé,

On a convoqué la télé,                                                                  

A Saint-Denis, oyez! Oyez!

Alors Zorro est arrivé…

Un soupçon de piano à queue,

« Akeu »,c’est un terme curieux,

Un soupçon de piano à queue …

Pour t’éteindre on te met le feu.                                                                                                                             

Avec l’orchestre symphonique,

Le grand art passe à l’as de pique,

Où est l’orchestre symphonique ?

Quand ça « play-back « c’est fantastique…

À la fédération tombent les subventions,

C’est un sacré filon pour tondre les moutons

Et leur clouer le bec avec quelques kopecks.

Pour « l’ultra » c’est le « nec plus »: « salut les kopecks » !

C’est la « libération », les gens sont dans la rue,

Pour vingt et deux joueurs qu’ils ont portés aux nues,

C’est la libération ils ont marqué trois buts,

Le pays est en rut, des bourgeois jusqu’aux putes…

Et je te fous mon faux billet,

Que les dés ne sont pas pipés.

On a la paix dans les cités,

Au moins jusqu’à …ou à peu près…

Pour être un homme, ma fille, tu seras footballeur,

Pour mieux tirer les fils des nouveaux bateleurs

Qui fabriquent du leurre qu’ils appellent du rêve,

À vendre au p’tit bonheur, a ceux qui marchent ou crèvent .

Le peuple est dans la rue,il a gagné la coupe,

Et de quoi cautionner la foire aux entourloupes,

Sublime eldorado pour les marchands de soupe,

Sur le dos des falots qui pointent et marchent en troupe.

Le jour de gloire est arrivé

Tous les champions vont défiler

Le football c’est la liberté,

Qu’on soit avec ou sans papiers…

Je pars la fleur aux dents dans le souffle du vent,

Là où la fin des temps m’attend depuis longtemps.

Dans l’azur soliloque, un cœur bat la breloque,      

Quand la brume équivoque opacifie l’époque…                                                                                                    

Madeleine et Léo ou « Les amants de Pershing » (paroles & musique : Michel Orion)

Enregistrement public _______________________________________________________________

A propos de Madeleine et Léo Ferré … et du livre d’Annie Butor « Comment voulez-vous que j’oublie ? ». Le beau livre d’Annie Butor est une pierre angulaire pour qui aime et veut comprendre l’œuvre de Léo Ferré. Il lève ou déchire un voile opaque sur une période essentielle de la vie du poète et des années qu’il partagea pendant 18 ans avec Madeleine, qui fut à la fois sa muse et son épouse. Annie Butor, fille de Madeleine, fut un témoin privilégié, légitime et incontestable de cette période. Avec justesse et sans compromis, elle nous invite à voyager au cœur des années 50 et 60, époque où il n’était pas honteux d’être intelligent et d’avoir du talent même si les temps pouvaient être difficiles …

Parler de Léo est à la portée de n’importe qui. En parler dignement, avec noblesse, distance et recul, sans trafic ni faux semblant, est une autre affaire. Sa carrière « officielle » est quasiment connue de tous. Sa biographie « autorisée » aussi. Ses chemins de traverse, et sa « solitude » beaucoup moins … La femme de sa vie s’appelait Madeleine, n’en déplaise à qui donc ? Elle fut aussi sa muse, car Léo Ferré était poète … Les « faits divers » qui les firent diverger l’un de l’autre restent et resteront teintés d’ombre et de mystère. D’amertume et de tristesse aussi … On n’écrit pas « Avec le temps » par hasard … La mort de Pépée, femelle chimpanzé, malade et condamnée, n’est évidemment pas la cause d’une rupture. Encore moins d’un détournement de destin … Cet « évènement » fut monté en épingle pour alimenter la diabolisation « dégueulasse » de Madeleine Ferré … « Dégueulasse, du verbe dégueuler », n’est-il pas, Monsieur Boniface ? … Mais qu’il nous soit permis (faute d’avoir accès à plus « d’information ») de se poser la question de savoir, au bout du bout du compte et des décomptes, à qui a profité ce « crime animalier » … Si tant est qu’il y eut « crime », d’ailleurs … Toujours est-il que c’est au cours des « années Madeleine » que Ferré est devenu Ferré … Et qu’on ait passé sous silence, durant vingt ans, cette période essentielle de la vie de Léo (années 50 et 60), en accablant injustement son épouse, Madeleine, relève ni plus ni moins de l’imposture, de la supercherie, pour ne pas dire de l’escroquerie. Car sans sa rencontre décisive (et o combien salutaire) avec Madeleine, au début des années 50, le poète et musicien Léo Ferré n’aurait sans doute pas eu la « carrière » que l’on sait, ni sa (légitime) célébrité … Intoxication et manipulation ont toujours été les mamelles de « la bêtise au front de taureau » … A bons entendeurs … Et à méditer, hors sentiers battus ou circuits « autorisés » … ici, ailleurs ou autre part …

© Michel Orion